Zieuter vers le 19e siècle

Publié le par Lucie Delarosbil

L'an mil huit cents vingt un, et le vingt neuvieme jour du mois de janvier par devant nous Salleberry (françois) maire et officier de l'état civil de la commune de Bidart, canton et municipalité de St. Jean de Luz, quatrieme arrondissement des Basses Pyrénées: Sont comparus le Sieur françois Appesteguy laboureur, né dans cette commune le deux frimaire cinquieme année de la République française, et y demeurant, agé de vingt quatre ans, majeur fils de Dominique appesteguy laboureur, ci presant et consentant, et de feue Son epouse Marie Duhau décédée dans cette commune le onze mars mil huit cents dix, d'après le registre de décès de cette commune ayant egalement perdu les grands pères et mères paternels et maternels. Et maitre de la maison D'Etchepare de cette commune. Et Demoiselle marie Legasse cultivatrice née dans la commune D'ahetze le vingt deux decembre mil Sept cents quatre vingt Seize, et demeurant dans ce moment dans commune de Biarrits tous dans cet arrondissement, majeure fille de Sieur Michel Legasse laboureur et de Son epouse Catherine Larralde ci presents et consentants, maitres de la maison Goanacoenia dudit ahetze, ayant aussi perdu les grands pères et mères paternels et maternels; Lesquels nous ont requis de proceder ala celebration du mariage projetté entr-eux dont les publications ont été faites devant la principale porte d'entrée de notre maison commune Savoir la premiere le Second dimanche et quatorzieme jour du mois courant, et la Seconde le troisieme dimanche et vingt unieme jour du même mois les deux au même lieu, a onze heures du matin a lissu de la grande messe, aucune opposition au dit mariage ne nous ayant été Signifié faisant droit a leur requisition après avoir donné lecture de toutes les pieces cidessus mentionnées, et du chapitre VI du titre du code civil intitulé du mariage, avons demandé au futur epoux et a la future epouse S'ils veulent Se prendre pour mari et pour femme, chacun d'eux ayant répondu Separement et affirmativement declarant au nom de la Loi que les dits françois appesteguy et Marie Legasse Sont unis par le mariage. De quoi avons dressé acte en presence Des Sieurs Dominique Appesteguy laboureur agé de cinquante un ans père de l'époux, Michel Legasse laboureur agé de Soixante ans, père de l'épouse, Pierre Ithurbide agé de trente neuf ans laboureur ami des parties contractantes et de Dominique Guilharreguy Secretaire de notre mairie agé de quarante cinq ans ami aussi des mêmes parties le Second demeurant temoin a Ahetze, et les autres dans cette commune personne n'a ci Signé avec nous que le dernier temoin pour ne le Savoir après que lecture leur en a été donné. Landaboure Guilharreguy Sallaberry maire

Voilà la longue rédaction de l'acte de mariage d'un jeune sieur de la maison Etchepare ! Depuis la fin du 18e siècle, les informations pullulent dans les actes civils de mariage. En plus des détails géographiques sur la commune de Bidart et des dates de publication du mariage, on pouvait retrouver les dates de naissances précises des mariés et leurs maisons d'origine, les âges de toutes les personnes présentes à la célébration, des lieux de naissance et de résidence, les liens filiaux et amicaux des personnes avec les mariés et les métiers que toutes et tous pratiquaient. De même, on ajoutait que les grands-parents étaient décédés, paternels et maternels, ainsi que la date précise de décès de la mère de l'époux. Ici, on avait oublié d'écrire l'âge de la mariée et de sa mère. 

Le 29 janvier 1821, François Apesteguy, 24 ans, et Marie Legasse, 24 ans, s'étaient mariés avec la présence de leurs parents vivants, Michel Legasse, 60 ans, et Catherine Larralde, les parents de l'épouse, et Dominique Apesteguy, 51 ans, le père de l'époux, sa mère étant décédée depuis onze ans. Les témoins officiels furent les deux pères des mariés, ainsi que deux de leurs amis : Pierre Ithurbide, 39 ans, et Dominique Guilharreguy, 45 ans, ce dernier ayant apposé sa signature à la fin du document. D'ailleurs le document spécifiait que Guilharreguy était le secrétaire de la mairie. Hormis la signature du maire Salleberry, prénommé François entre les parenthèses au début du document, une autre signature apparaissait d'une personne dénommée Landaboure. On la retrouve dans les actes de mariage suivants celui en question. Comme on parlait aussi de la grande messe dans le texte, se pouvait-il que Landaboure était le curé ? Dans son livre Bidart. Histoire basque, Roland Moreau cite ''Ainciboure'', pour les années 1817-1824, dans sa liste des curés de Bidart (p. 42).

Né le 21 novembre 1796, François Apesteguy n'avait qu'un mois de plus que Marie Legasse, elle-même née le 22 décembre 1796. Notre Bertrand était né le 21 novembre 1733 et son père le 20 novembre 1702. Les tenants de la psychogénéalogie appelle ce phénomène le syndrome d'anniversaire. Il consiste, inconsciemment, à répéter dans notre histoire familiale des faits, des dates ou des âges afin de rester fidèle et loyal à nos ancêtres, de poursuivre ou de se conformer à des traditions familiales. Suivant cette idée, on pourrait se demander pourquoi un héritier de la maison Etcheparea était né le jour suivant du même mois en 1796 que le fils non héritier de la même maison en 1702, le père de notre Bertrand, et pourquoi le fils de ce dernier, notre Bertrand, était né le même jour du même mois en 1733 que l'héritier né en 1796. 

Quand on connait la vie et la fin horrible du père de notre Bertrand (Bidart 1702-1740 Louisbourg) et ce qu'on connait de la vie de notre Bertrand Darrosbide (Bidart 1733-1802 Paspébiac), surtout pendant la guerre de la Conquête, on pourrait apporter des tas de suppositions qui ne resteront que des suppositions. Il est tout de même intéressant de remarquer que François Apesteguy était de la même génération que les petits-enfants de notre Bertrand, le premier étant Pierre Arotsena (Aoutsena), né le 30 juin 1796 à Paspébiac, le fils de sa fille Marie Darrosbile et Pierre Harotsarena, né à Sare au Pays basque. Consanguins au quatrième degré, François et Pierre n'avaient que cinq mois de différence. En route vers ses 30 ans, Pierre s'était marié le 9 janvier 1826 à Paspébiac, cinq ans après François à Bidart. Par contre, il n'était pas le premier petit-enfant de notre Bertrand à s'être marié.

À la maison Etcheparea, François Apesteguy et Marie Legasse avaient donné naissance à sept enfants : Dominique, né le 25 mai 1821 (2hAM); Marie, née le 9 mai 1823 (7hPM); Bernard, né le 29 août 1825 (3hAM); Jeanne, née le 26 septembre 1827 (5hAM); Jean, né le 30 avril 1832 (3hAM); Dominica, née le 26 mars 1837 (1hAM); et Marie, née le 1er avril 1839 (1hAM) et décédée le 6 juillet 1843 (8hAM). Selon l'acte de naissance de chacun de ses enfants, et non l'acte de baptême, le père se présentait à la mairie, ou la maison commune, avec l'enfant pour déclarer les détails de sa naissance (sexe, jour, heure, maison) et le prénom qu'il voulait lui donner. 

Aussi, deux témoins devaient être présents. Dominique Apesteguy, le grand-père paternel, le fut pour Dominique à 53 ans, pour Marie à 55 ans, pour Jean à 64 ans, et pour Dominica à 68 ans. François Duhau, un oncle paternel (un grand-oncle plutôt ?), le fut pour Dominique à 57 ans. Bernard Apesteguy, le premier frère du père, le fut pour Bernard à 21 ans, et pour Marie la cadette à 36 ans. Dominique Apesteguy, le deuxième frère du père, le fut pour Jeanne à 23 ans et pour Dominica à 36 ans. Enfin, Pierre Apesteguy, le troisième frère du père, le fut pour Marie la cadette à 34 ans. Comme au mariage du couple, Dominique Guilharreguy, le secrétaire de la mairie, était présent pour la déclaration de quatre de leurs enfants.

Marie Legasse décéda le 3 août 1848, à deux heures du matin, âgée de 52 ans; et son beau-père, six mois après elle, le 29 janvier 1849, midi, âgé de 79 ans. Leurs voisins, Salvat Haramboure et Jean Eustache avaient comparu pour déclarer leurs deux décès, ainsi que celui de la petite cadette Marie, en 1843.

© Lucie Delarosbil, 2018

Pour lire sur les ''syndromes d'anniversaire'', dans le site Retrouver son Nord, cliquer ici.

Publié dans Basques

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F
Bonjour et merci de me permettre de découvrir ce blog..je suis de descendance des Yturbide de Hasparen, France et j'apprécie tout ce que vous écrivez sur les gens de ce coin de pays..<br /> Je recherche tous mes ancêtres maternels qui on habités a Bayonne..merci
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L
Êtes-vous Québécoise ?
B
Il y a beaucoup de coïncidences, en effet !
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L
Oui ! Et j'ai tendance à porter attention à ces coïncidences. Vous aussi, j'imagine...