Unis par la mort

Publié le par Lucie Delarosbil

Le Vingt sixieme jour du mois D'aoust 1709 fut ensevely dans le Cimetiere de lEglise parroissielle de Bidart le Corps de fûe Magdelaine Darrotzbide Dame Encienne Delamaison Detcheparea dudit Bidart decedee la Veille du jour agée de Soixante ans par Moy Laforcade Curé

Magdalaine Etcheberry, la dame ancienne de la maison Etcheparea, décédait le 25 août 1709. Elle fut enterrée le lendemain. Quand on lit cet acte de sépulture et qu'on connait la famille Darrosbide à Bidart, on peut constater une erreur à son patronyme. Darrotzbide était une variante du nom de famille de son mari et de ses enfants. Si des personnes étaient présentes à son enterrement, leurs noms avaient été omis. Si elle avait 60 ans, elle était née vers 1649. Le curé Laforcade ne mentionnait pas non plus qu'elle était veuve. Relisons donc l'acte de sépulture de Pierres de Rospide.

Le trente unième du mois d'aoust, mil Six cens quatre Vingt onse, a esté enterré pierres de rospide, Sieur d'etchepare, au convoy duquel ont assisté Laurens d'etcheverry Sieur de chuchuarenea et miguel d'ernague Sieur de Larralde qui n'ont cy Signé pour ne Sçavoir écrire de ce Interpellés par moy Villeneuve vic.re

Veuve de Pierres de Rospide depuis dix-huit ans, Magdalaine d'Etcheberry aurait été de six ans son aînée, lui qui était né le 13 août 1655, à Bardos, avec un jumeau prénommé Jean. Enterré le 31 août 1691, Pierres avait 36 ans et 18 jours. Au Pays basque, on identifiait les personnes à leur maison. C'était la raison pour laquelle le vicaire Villeneuve ne précisait pas le nom de l'épouse du défunt. La vie avait fauché Pierres de Rospide tellement jeune qu'il n'avait pas eu de temps pour voir ses enfants vieillir et, pour certains, se marier, son fils aîné étant âgé d'environ 14 ans. 

À partir de leurs actes de sépulture, le sieur et la dame de la maison Etchepare étaient reliés en tant que couple. Il n'en fut pas de même lors des mariages de leur deux fils : Betri en 1698 et Bertrand en 1704. Ils avaient été identifiés par le seul nom de leur maison d'origine : Betri l'héritier et Bertrand le fils, non pas par les noms de leurs parents. Dans ce cas de généalogie, on peut dire que Pierres de Rospide et Magdalaine d'Etcheberry étaient vraiment ''unis par la mort''. 

Par chance, Magdalaine eut le temps de vivre assez longtemps pour devenir la marraine de deux de ses petits-enfants : Magdalaine, la fille aînée de Betri, née le 11 octobre 1698; et Joannis, le fils aîné de Bertrand, né le 6 décembre 1704. Plus que des indices, des faits qui confirmaient son statut. Relisons leurs actes de baptême, l'un rédigé par le vicaire Macoçain et l'autre, par le curé Laforcade.

Le dousiesme d'octobre 1698 a esté baptisée magdalaine fille de betri d'arrospide et de Jeane d'etcheberry, Conjoints Sr et dame d'etcheparea, née 11e du mesme moy et anque dessus dont Le parrein a esté Joannes d'etcheberry Sr de desirarenea au nom d'esteben de hiriart Locataire D'Ussinague La marreine magdalaine D'etcheberry dame d'etcheparea qui N'ont Cy Signé pour ne Sçavoir de Ce requis par Moy Macoçain Vicaire

Le Sixieme jour du mois de Decembre cette 1704 a Esté Baptisé dans lEglise paroissiale de Bidart Joannis Darrozbide fils de Bertrand Darrozbide et de maria deharismendy Sieur Et Dame Ditturrondoa du meme dit Bidart Lequel Naquit Ce meme Sus et jour, Dont le parrin a Este Martin deMimiague Sieur Jeune de Landaburua dudit Bibart, la marrine Magdelaine Detcheberry, Dame Detcheparia du meme dit Bidart par moy Laforcade Curé

Plus tard, à la maison Ithurrondoa, celle de son fils Bertrand Darrosbide, on retrouvait une dame de la maison, une certaine Madelaine Darrosbide qui, le 7 août 1726, était décédée à l'âge d'environ 40 ans. Ce qui donnait sa naissance aux environs de l'année 1686. À première vue, ce ne pouvait être que la soeur de Bertrand, une fille puinée de la maison Etcheparea qui vivait chez son frère, le sieur de la maison Ithurrondoa. Ce qui s'avérait plausible puisque les conjoints de cette maison avaient donné naissance à tant d'enfants, dix au total entre 1704 et 1728, à comparer au frère héritier qui n'en avait engendré que deux. Le titre de dame, qui lui avait été donné à son décès, devait être une erreur, comme on en trouve tant d'autres.

Par ailleurs, le 8 mai 1743, une certaine Marie Darrosbide, dame de la maison Pitrerenea, décédait à l'âge d'environ 64 ans. Ce qui donnait son année de naissance vers 1679. Il est encore plausible de penser qu'elle pouvait être une autre fille puinée de la maison Etcheparea, fille de Magdalaine d'Etcheberry et de Pierres de Rospide, un peu plus âgée que Madeleine ci-haut mentionnée. D'autant mieux que Raymond Darrosbide, le fils de Bertrand, fut métayer pendant des années à la maison Pitrerenea

Puis, il y avait aussi cette Jeanne Darrosbide, la marraine de Bertrand Toujouse, né le 26 juillet 1741, une fille de la maison Ithurrondoa accompagnant le parrain, le sieur de cette maison, Bertrand Darrosbide. L'enfant était le fils de Bertrand Toujouse et de Jeanne Darrosbide, la fille de Bertrand. Comme cette dernière était devenue l'héritière et la dame de la maison, et son mari le sieur, il était de mise que le parrain pour leur fils aîné soit le sieur plus âgé de la maison. Et comme l'épouse de ce sieur, Maria de Combania, n'était plus vivante, ainsi que la mère de celle-ci, Marie Dithurbide, on choisit une marraine très proche de la famille. Elle pouvait être la cadette de la maison Etcheparea.

Enfin, il y avait cette Catherine Darrosbide, la marraine d'une fille homonyme, née en 1707, pas en danger de mort, mais pourtant décédée trois jours plus tard, la première fille de Bertrand Darrosbide et de Maria de Combania, les sieur et dame de la maison Ithurrondoa. La marraine était la dame ancienne de la maison Garachounenea en 1707, alors qu'elle n'était pas encore considérée ''ancienne'' en 1702, lors d'un autre baptême. La question qui vaut un million... 

Que penser de cette femme dont le patronyme, plutôt rare à Bidart, plutôt fréquent à Bardos, était le même que notre famille d'origine, de cette femme en lien avec notre famille d'origine par le biais du baptême du fils de la cousine du père de notre Bertrand ? À notre connaissance, Pierres de Rospide n'avait pas de soeur, à Bardos, prénommée Catherine. Par les titres de cette femme et les dates qui correspondaient, elle semblait faire partie de la même génération que lui, plutôt que de celle de son fils Bertrand. C'est à suivre... Trop intrigant !

© Lucie Delarosbil, 2018

Publié dans Basques

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