Jeanne qu'on n'oublie pas

Publié le par Lucie Delarosbil

Lan mil Sept Cents trente trois Et le troizieme jour du mois de fevrier, aprés la publication des bans pendent trois dimenches ou fête, Commendees par l'Eglise, aux prônes des messes parroissiales, Savoir le dimenche 18e janvier, le 20e fête de Sts fabien Et Sebastien, Et le dimenche 25e jour de janvier, Entre Bertrand D'arrosbide fils d'Etcheparea, Et de fûs pierre Darrosbide Et jeanne d'Etcheberry Ses pere Et mere, Laboureurs, Sr Et dame de la dite maison d'Etcheparea, Et marie de Larraldea ma servante, fille de fû jean de Larralde, Son pere,(l'on a oublié le nom de la mere) Sans qu'il y ait aucun Empeschement, je Curé leur ay donné la benediction nuptiale avec les les Ceremonies prescrittes par la Sainte Eglise, En presence de Me jean de hiriart prêtre et vicaire Et Bertrand d'arrosbide Sr d'Ithurrondoa, lequel Sr de hiriart a Cy Signé ce que n'a fait l'autre temoin, n'y les parties, pour ne Savoir Signer de ce Interpellez par moy hiriart Curé Jhiriart ptre

Aucune nouvelle maison ne figure dans l'acte de mariage des parents de notre Bertrand, en date du le 3 février 1733. La maison Etcheparea était citée deux fois pour le fils, le sieur et la dame; et une fois la maison Ithurrondoa pour le témoin. Ses deux grands-parents paternels décédés, le sieur et la dame de la maison Etcheparea, ils avaient été laboureurs. Son grand-père maternel aussi décédé, Jean de Larralde, et l'on avait oublié le nom de sa grand-mère maternelle. Quelle affaire ! Puis, on apprenait que sa mère, Marie de Larraldea, était la servante du curé Hiriart et que les deux témoins étaient le prêtre Jean de Hiriart et Bertrand Darrosbide, le sieur de la maison Itturrondoa, l'oncle du marié qui sûrement remplaçait son père décédé. Cet acte de mariage était l'un que j'avais reçu directement de la mairie de Bidart le 24 septembre 2007. Il avait été estampillé ''photocopie certifiée conforme'' et posté le 20 septembre.

Onze ans plus tard, je trouvais un acte de mariage du 28 novembre 1701, lequel était peut-être celui des parents de Marie de Larralde. Au début de sa rédaction, le vicaire Macoçain avait attribué le nom de ''Lafargue'' à Joannes de Larralde et le nom de ''Larralde'' à Joanna de Lafargue. Puis il les avait biffés. Il avait inscrit les bons noms à la bonne place au-dessus de chaque rature. Si l'interprétation de ma lecture s'avérait exacte, le lieu d'origine de Joannes de Larralde était à la maison Salaberia à Cami (?), d'où il était le fils. De son côté, Joanna de Lafargue était l'héritière de la maison Salaberria à Bidart. L'essentiel resterait de savoir que les deux mariés étaient originaires de deux maisons du même nom, mais en deux lieux différents.

Retour à maison Salaberria

Dans l'article ''Comparons les personnes'', une brève étude des occupants de la maison Salaberria a été débutée. Le 22 novembre 1702, son inscription figurait dans l'acte de baptême de Bertrand Darrosbide, par le biais de sa marraine Marie Desponses qui était locataire à cette maison. Deux jours plus tôt de l'année précédente, le 20 novembre 1701, Joannis de Larralde et Joanna de Lafargue s'étaient mariés. Quel joli hasard ! Surtout si ce même Bertrand qui allait naître un an plus tard, jour pour jour, et devenir en 1733 l'époux de la fille du jeune nouveau couple. 

En 1701, Joanna de Lafargue était l'héritière de cette maison, elle devait donc en devenir la dame et Joannis de Larralde, le sieur. Cependant, dix ans plus tard, le 19 janvier 1711, une autre héritière de la maison Salaberria, Jeanne de Lafargue, épousait un fils de la maison Sempabeherea, Joannis de Lafargue. C'était encore un acte rempli de ratures dans le texte et d'ajouts dans la marge. De plus, cette Jeanne était la veuve de Pierre Ditthurbide, un fils de la maison Salaberria. Une fille (future héritière) de la maison avait auparavant épousé un fils de la même maison et ces deux mariés portaient des noms de famille différents. Laforcade avait-il encore gribouillé avec les patronymes et les domonymes ? 

Que s'était-il passé avec le couple marié en 1701 à Bidart ? Jusqu'à 1713, pas de baptêmes d'enfants n'étaient en vue pour eux, ni dans cette maison, ni dans une autre maison. La dame jeune était-elle décédée pour qu'une autre héritière prenne sa place en 1711 ? Etait-elle plutôt devenue la dame d'une autre maison, en lien avec celle de son origine ? D'ailleurs, le 8 mai 1709, la dame jeune de la maison Mariatto Handiarenea, une certaine Joanna de Lafargue, était décédée à l'âge d'environ 31 ans. Puis, le 26 octobre 1711 naissait Marie de Lafargue, la fille de Joannis et de Joanna de Lafargue, les conjoints sieur et dame de la maison Salaberria. Ses parrain et marraine venaient tout deux de la maison Sempabeherea : Bernard de Larreguy, le sieur de la maison, et Marie d'Etcheberry, la dame ancienne. Il y avait encore une rature dans cet acte.

Le 9 novembre 1713, Françoise de Lacau, une dame de la maison Sallaberria, décédait à 70 ans. Elle n'était pas qualifiée de dame ancienne de la maison. Etait-elle la mère de la première héritière ? Joanna et Jeanne de Lafargue étaient-elle des soeurs ?

La maison Catalinenea

Cette maison ne figure pas dans le chapitre Les habitants de quelques maisons anciennes dans la monographie Bidart. Cependant, en remontant dans le temps, le 29 octobre 1698, Joannes de Laralde et Marie de Mainguiague étaient le sieur et la dame de la maison Catalinenea. Leur fils Joannes, né le 28, se faisait baptiser, héritant de Joannes d'Etcheberry, l'héritier de la maison Aguorrete, en tant que parrain et la dame de la maison Miguelagudorenea, prénommée Jeanne, son patronyme illisible, en tant que marraine. Cet enfant était né dix-sept jours avant la marraine de notre Bertrand, Magdalaine Darrosbide, l'aînée héritière de la maison Etcheparea.

Dix mois plus tôt, le mariage du couple avait lieu le 26 janvier 1698. Le patronyme de Joannes, le marié, n'était plus de Laralde, mais d'Eyharalde, un fils de la maison Miguelagudorenea. Jeanne, dont le nom est illisible, devait être sa mère. Au sujet de Marie Maiguiague, la mariée, on spécifiait que la maison dont elle héritait était située à Ilbarritz. Etait-ce une autre commune ? Non, c'était un quartier du nord de Bidart, près de Biarritz. Les témoins à leur mariage étaient Bertrand de Lataste, un meunier, et Martin de Larramendy qui avait apposé sa signature.

Ce couple s'était mariés deux jours avant les parents de Magdalaine Darrosbide, Betri et Jeanne d'Etcheberry, le sieur et la dame de la maison Etcheparea, avec le même témoin Larramendy. Et Jeanne qui était la mère de Magdalaine et de Bertrand Darrosbide, la Jeanne que l'on n'avait pas oubliée, celle qui venait juste de mourir un an plus tôt.

La maison Catalinenea est une nouvelle piste à continuer de suivre.

© Lucie Delarosbil, 2018

Publié dans Basques

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