La fin des erreurs de 50 ans

Publié le par Lucie Delarosbil

En 1995, dans son livre Les Français au Québec, 1765-1865: un mouvement migratoire méconnu, (p. 92), l’historien et généalogiste Marcel Fournier relatait ce qui suit en donnant, entre parenthèses, les sources de ses informations:

« Aspirot, Jean, né en 1868 (m.), originaire de la ville de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), de l’union de Joseph Aspirot et de Catherine (sic). Il arrive au Canada vers 1792 probablement en provenance des îles Saint-Pierre et Miquelon. Il s’établit comme pêcheur à Paspébiac. Le 12 septembre 1795, Jean Aspirot épouse, à Paspébiac, Catherine Duguay, fille de Jean-Marie Duguay et de Marie-Anne Godbout. Trois enfants naissent de cette union entre 1798 et 1803, année du décès de madame Aspirot. Le 27 mai 1805, Jean Aspirot épouse en secondes noces, à Paspébiac, Catherine de la Rosebil, fille de Bertrand de la Rosebil et de Marie Denis, Six enfants naissent de cette seconde union entre 1806 et 1825. (Etat civil) (DG-COMPL, p. 11) (Nos origines en France, vol. 1) (Registres de la Gaspésie, p. 18) »

Depuis 1987, à Paspébiac, on croyait par Les Registres de Paspébiac 1773-1910, (p. 33), de l’historien et généalogiste Bona Arsenault, que cet ancêtre était « né à Bayonne, chef-lieu du pays basque, dans les Basses-Pyrénées, en France », étant « le fils de Joseph Aspirot et de son épouse Catherine, dont le nom de famille est omis du registre » et ayant épousé « à Paspébiac, le 12 septembre 1795, Catherine Duguay, fille de Jean-Marie Duguay et d’Anne Olivier... »

De mon côté, hier en après-midi, j’avais besoin de trouver une copie de l’original de l’acte du premier mariage de Jean Aspirots, qui est aussi mon ancêtre avec sa seconde épouse par les deux branches de mes grands-mères. Ce que je réussis en fouillant dans les registres de Carleton. La surprise ! Je n’en croyais pas mes yeux !

à la Grd Rivière / Le douse aoüt mil sept cent quatre / vingt quinse par nous prêtre Missionaire / de la baie des chaleurs ont été unis en légitime / mariage à la grande rivière jean Aspirots / fils majeur de jacques Aspirots et de Catherine / habitant de Bayonne d’une part, et / de Catherine Dugai fille majeure de jean / Marie Dugay et de Marie Anne godebout / habitant de paspébiac d’autre part, les / parties ayant obtenu dispense de trois bans / de Monseigneur de guébec, nous leur avons / donné la benediction nuptiale selon les formes / prescrites par notre mère la ste église en / présence de françois Dela fontaine, de joseph / Metot, de joseph Bériau, et d’Abraham / Baudin qui ont déclaré ne scavoir signer. / J. Castanet ptre

Tout d’abord, il s’était marié avec Catherine Dugué à Grande-Rivière, et non à Paspébiac; puis, son père se prénommait Jacques, et non Joseph, cette dernière information étant essentielle à la recherche au Pays basque. Puis, on le disait « habitant de Bayonne », et non natif, non plus originaire. Les mots s’avèrent d’une extrême importance en généalogie. Enfin, le nom de famille de la mère de Catherine ne concorde pas avec celui de la vraie épouse de son père, Marie-Anne Tareau. Le prêtre la nomme « Godebout ». Allez savoir pourquoi ! La mère de son père était une Gaboury. Rien à voir... De toute manière, on sait que son nom avait pris différentes formes au cours de plusieurs décennies. Une autre de plus...

En 2007, mes recherches dans des documents de Bayonne n’avaient rien donné de son lieu de naissance et en ce qui a trait à ses parents. En 2009, dans le livre de Paronnaud (2004), j’avais trouvé un Jacques Aspirot « natif d’Arbonne et locataire de Bidart » qui s’était noyé en 1788 à Saint-Pierre et Miquelon. Ce dernier avait une soeur prénommée Catherine. Toutes ces Catherine liées aux Aspirot ! La mère et les deux épouses de l’un, la soeur de l’autre... D’ailleurs, j’avoue que j’avais trouvé étrange le prénom de Joseph. Je ne l’ai jamais vu dans les documents basques que j’ai consultés. Peut-être n’est-ce qu’une coincidence...

Ce matin, en navigant sur le net, afin de vérifier d’autres sources de ces erreurs, je remarque qu’elles existent depuis les années 60. Puis, dans Nos origines en France des débuts à 1825 (p. 43), sur le Béarn et la Gascogne, je constate que Normand Robert, avait pourtant écrit en 1984, sur notre pionnier gaspésien: « ASPIROT, Jean [Jacques et Catherine ...] / m 12-09-1795 (m Grande-Rivière) / Catherine Duguay... » Enfin ! Il rectifiait l’erreur. Personne n’en a tenu compte par la suite. Même moi ! Trouver qui a fait l’erreur et pourquoi elle continue de se perpétuer n’est pas mon intention. La corriger l’est ! Afin de poursuivre sur de meilleures pistes.

© Lucie Delarosbil, 2014

Modifications: 30 décembre 2014

Sources: FamilySearch, Québec, registres paroissiaux catholiques, 1621-1979, Carleton, Saint-Joseph-de-Carleton, BMS 1759-1810, Image 239 de 564; les livres cités dans Sources documentaires; les articles de ce blogue: « Le Fameux livre de Paronnaud », « Les deux Catherine de Jean ASPIROTS » et « Le vrai nom de l'épouse de Jean Marie Dugué ».

Publié dans Mariages, Aspirot, Duguet

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C
Le nom Godbout mentionné à l'acte de marriage de Catherine Duguay et de Jean Aspirot vient du fait que la grand-mère de Catherine Duguay, Agathe Laine, s'est remarié en 1760 avec Louis Godbout. La fille d'Agathe, Anne-Marie Tareau, avait 9 ans lors de ce marriage. Elle a probablement adopté le nom de son "deuxième" père ou a été adoptée par lui.
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L
WOW ! Merci pour tous ces détails, M. Verge. Quand on aime la généalogie, on aime la collaboration. Pour moi, c'en est une de taille . Merci infiniment ! Au plaisir de vous relire.
L
Dans mon arbre généalogique le nom de la mère de Catherine Duguay est bien noté Marie Anne Tareau,J'ai reçu cet arbre en héritage de mon père.J'aimerais bien vous rencontrer, Dans l'acte de mariage de Jean Aspirot Le nom de son père est bien noté Jacques et Catherine<br /> Lisete
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L
Merci pour votre témoignage, Lisette.