Zoomer - Zapper - Zigzaguer

Publié le par Lucie Delarosbil

Dernier article d’une série de vingt-six, commençant tous par une lettre différente de l’alphabet. De l’introduction en A à la conclusion en Z, vingt-quatre extraits d’une étude du Recensement de 1831, dans notre région gaspésienne de la baie des Chaleurs. Dernier article d’une série. Pas de l’étude en tant que telle. Cette étude improvisée comme tant de domaines en généalogie, comme quand le hasard nous accroche à un document inattendu, imprévu.

Des titres choisis d’avance pour un défi de choix, parfois changés en cours de route, à cause de circonstances imprévisibles. Le désir de comparer les familles d’une époque à une autre, d’un recensement à un autre, de l’origine d’un de ses membres à la composition de sa nouvelle famille, de son état d’enfant à celui d’adulte marié, avec des enfants à son tour, de son évolution personnelle et familiale. Des femmes devenues veuves.

Quels étaient leurs métiers de l’heure ? Quelle religion pratiquaient-ils ? Qui avait changé de métier ? De religion ? Des questions évidentes dont on ne pense même pas. Qui manquait à l’appel ? Qui était disparu de la carte ? Qui avait subi la transformation de son nom ? Tiens ! On découvre des catégories sur les sourds-muets, les aveugles et les aliénés. À première vue, que des cases pleines de vides. Puis, tout d’un coup, on en remarque une qui annonce un aliéné dans une famille, une seule sur 410. Pas à Paspébiac. Oups ! Pas de tabou, pas de préjugés. La pratique de la généalogie nous éduque sur la compassion, nous enseigne l’empathie. Satisfaction versus frustration. Déjà le prochain recensement en tête et la question: « Lesquels répondront ''Présent !'' ».

Du doute, on risque une hypothèse. Parfois, on reçoit une réponse à notre bouteille envoyée à la mer. On se rend compte d'une erreur, on l’admet, on promet de la corriger. Piere Seniack n’était pas Pierre Arotsena ou Otsenat, mais Pierre Gignac. Seniack Gignac, un nouvel article en vue. Le sens des sons s’aiguise plus pointu d’une langue à l’autre. Encore l’empathie qui entre dans le jeu du casse-tête, la capacité de se mettre à la place de l’autre, de celui qui tentait de transcrire au mieux de sa connaissance par les sons de sa langue l’identité d’une personne d’une autre langue. Quel défi ! Il avait fait comme il avait pu, on ne peut pas lui en vouloir. On garde la paix, on tasse l’animosité. Comme lui, on fait comme on peut.

Du B de « Bonaventure à Pointe au Maquereau », on entame le district de Gaspé et on se rend compte du Y de « Y’en avait encore plus loin ! » Entre temps, on fabulait dans les maisons, les « Constructions habitées et inhabitées » de nos ancêtres. On cherchait la signification du mot le plus répété dans l’histoire de ce recensement: « Ditto ditto ditto ditto ditto » et des termes « Esquire - Esquier - Escuyer » attribués à des Anglais. On s’attardait sur les grandes « Familles de Paspébiac en 1831 » et leurs enfants, « Garçons & filles de Paspébiac », avant de s’éloigner plus à l’est, « Hors Paspébiac vers Port-Daniel ». Puis, quand des « Informations Insolites » nous accaparaient encore avec l'anglais, on se mettait à étudier le « Juge justiciable et la justice », sans oublier le « King du territoire ». Non ! Lui, il ne fallait pas le tasser, malgré l’animosité vieille de plus de deux cents ans.

Pour en sortir, on revenait dans nos familles, sur leurs « Lands ou Les arpents de terre » qu’ils occupaient et cultivaient. Puis, on se mettait à « Mesurer les Minots », à compter leurs céréales, leurs patates et leurs... Pour le reste, on décidait qu’on verrait bien plus tard ! En attendant, on se rendait à l’ouest pour rencontrer « New Carlisle et ses Noms de famille ». Puis, comme on file à l'anglaise, on prenait une petite pause de cette langue, car on éprouvait le goût d’écrire « Origine d’une recette » qui salivait dans la mémoire. On ne parlait pas des poissons dans le recensement. Par contre, on nommait les « Pêcheurs - Paspébiac - Port-Daniel ».

Le « bien plus tard » arrivait vite ensuite ! Fallait compter les animaux de nos ancêtres ! Les recensés de la ferme, les serviteurs à quatre pattes. Pas de chiens, pas de chats, ces préférés de nos enfants. Puis, on repensait aux nuits grises de notre enfance et on se posait la question: « Quétaine de compter les moutons ? », plutôt que de prier le petit Jésus. Ah oui ! Réalité oblige ! Le document nous disait les deux « Religions & Révérends » qui dominaient la majorité, les esprits non-aliénés. Ensuite, l’incontournable nous arrêtait droit sur trois drôles de noms méconnus: « Seniack, Mark Demie & John Bask ». Qui étaient-ils ? La question qui revenait sans cesse: Qui manquait à l’appel ?

Plus on avançait, plus on approchait de la fin de ma série. Tout se mélangeait, rien ne se suivait plus. « Tenures des Terres » avant « Uniformiser les noms de famille ». « Veuves & femmes chefs de famille » avant « Witham à Whittom... et les autres ». Pas rapport ! « Pas rap ! » comme disent les jeunes. Et le clou tabou, planté contre les préjugés sur nos origines. Un article sur les racines de notre identité: « Xénophilie de nos ancêtres ». Un article hors contexte du recensement, mais qui méritait sa place, à défaut de n'avoir pu écrire sur la xénoglossie, dans le U qui se voulait Usage et Utilité des langues. Un jour, peut-être.

Voilà ! Il fait bon de répéter certaines choses. Ditto. Ditto. Qu’est-ce qui reste à faire ? Revenir sur le passé, sur les articles de ce défi. Libres de lire. En zoomant, en zappant et en zigzaguant. Comme la liberté permet.

© Lucie Delarosbil, 2014

Publié dans 1825-1831

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B
Bonjour,<br /> bravo pour cette belle participation au challenge. Je suis impressionné de voir tout ce que tu as pu extraire comme informations de ces recensements de 1831.<br /> Bonne continuation
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L
Merci beaucoup, Benoit ! Avec la généalogie, on a toujours du pain sur la planche. Je sais que je n'ai pas fini avec ce recensement, mais la pause est méritée. À plus...
G
Bravo Lucie pour avoir terminé avec brio ce grand défi de chalenge A à Z par cette belle synthèse. En prime, tu nous as fait découvrir ta belle plume d'écrivaine.
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L
Merci, petit-petit-cousin-descendant, de la Côte-Nord. On a débuté l'été ensemble. Salutations à Marie-France. Bise-bise. À la prochaine ! <br /> <br /> P.S. Elle ne tardera pas, cette prochaine, je suppose.
S
Félicitations Lucie pour ce challenge ! Quel travail ! Tu as su nous faire découvrir ces gens, cette époque. Chapeau.
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L
Merci, Sophie. J'ai déjà hâte de savoir à quand le prochain. L'an passé, vous avez créé un exercice du tonnerre, sans jamais laisser tomber personne. Faut le faire ! Double chapeau !
E
Bravo pour ce beau challenge et cette conclusion :-) J'ai beaucoup aimé vos articles, et j'admire le travail réalisé !<br /> A bientôt,<br /> Elise
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L
Merci beaucoup. De votre côté, j'ai remarqué que vous avez travaillé très fort pendant ce défi de juin 2014. À bientôt.
J
Belle synthèse sur votre démarche, qui est aussi une réflexion plus générale sur la généalogie.
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L
Merci d'avoir autant suivi ma démarche, partagé mes articles et de m'avoir encouragée tout le long de ce mois de juin, passé si vite quand même. On continue.