Pierre Berrade et Betry Daguerre
Lors du mariage de François Huard et de Geneviève Duguay, à Pabos, le 25 juin 1753, il y avait parmi les personnes présentes deux témoins inconnus, Pierre Berrade et Betry Daguerre. Ils étaient cités ainsi dans l’acte de mariage: « En presence de Monsieur pierre Barrede capitaine commandant leSt Esprit de Bayonne, Et de pierre Daguer maitre de grave ». Au Pays basque, il arrivait que le prénom Betry ou Betri soit interchangé avec Pierre. Or, les deux témoins savaient signer leurs noms: « Betry D’aguerre » et « P Berrade ». Dans le fameux livre de Paronnaud, Basques et Gascons en Amérique septentrionale aux XVIIe et XVIIIe siècles, on peut tenter de retrouver ces deux hommes venus à Pabos durant ces années.
Le patronyme BERRADE était plutôt rare, il n’y en a que trois de répertoriés, dont un seul Pierre (p. 35). Selon la longue fiche matricule de la Marine de ce dernier, il serait né à Urrugne ou à Ciboure, en 1715. Ses parents: Joannis Berrade et Marie Souhigaray, le père étant « matelot ». Cependant, un Joannissona Berrade (p. 34) « capitaine de navire » était né à Urrugne, en 1686, à la maison Bascoalbaïta, et avait habité l’Île Royale de 1730 à 1741. Sans plus de précisions. Était-ce son père ? Le Pierre Berrade identifié s’était marié avec Josèphe Sarrota et habitait la maison Malobaïta à Ciboure. On le dit « capitaine de navires » depuis 1751. En fait, il avait débuté en 1743 comme « passager » pour l’Île Royale, puis était devenu par la suite commandant et lieutenant. En 1757, il avait été pris et enfermé dans les prisons anglaises jusqu’en 1761 avec son fils de quinze ans François. N’était-ce pas plutôt en 1763, à la fin de la guerre de Sept Ans ? Car un vide de trois ans dans sa fiche le ramène seulement en 1764. Le troisième Berrade était son autre fils, né en 1750 et prénommé Guillaume (p. 35) . Bien que rien ne soit spécifié à propos du Saint-Esprit de Bayonne venu à Pabos dans sa fiche, on peut lire ceci: « Les années suivantes il va à Pabo en Gaspésie et Terre Neuve. » Il s’agissait des années après son voyage à Québec en 1749, sur le Renard de La Rochelle, et avant le naufrage de l’Aimable Dauphin en 1756. De plus, dans la fiche d'un certain marin (p. 438), on retrace sa venue à Pabos en 1753 en tant que capitaine du Saint Esprit.
De son côté, le patronyme DAGUERRE était plutôt populaire chez les Basques. Le répertoire en contient cent quarante-neuf sur treize pages, ce qui est énorme. Parmi eux, il y a cinq Betry, un Betri, deux Betri (Pierre) et neuf Pierre. Par chance, celui de recherché, le plus plausible, est inscrit sous le prénom de Betry (p. 126) . Né en 1722 à Guéthary, ses parents étaient Joannis Daguerre et Domins Miquelon, son père aussi « matelot ». Quarante-cinq « Joannis Daguerre » sont présents dans le répertoire de Paronnaud. L’un d’eux était venu sur le navire Saint-Esprit avec le « capitaine Berrade », mais en 1754 (p. 122) . Comme ce Joannis était né en 1738, il n’avait alors que seize ans. Il avait débarqué « au port de Pabo » et était resté sur place jusqu’en 1756. Il n’avait apparemment aucun lien de parenté avec Betry Daguerre. En outre, ce dernier était marié avec Dominga Daguerre de la maison Escorsemenea. Il était déjà venu à Pabos à deux reprises comme « passager ». Une fois sur La Gracieuse de Bayonne en 1749, l’autre fois sur la Concorde en 1751. Sa fiche matricule le ramère en mer en 1765. Qu’avait-il fait entre temps ? Très possible qu’il était revenu à Pabos et qu’il avait travaillé comme maître de grave, puisque ce n’est qu’en 1776 qu’on lui attribue une occupation officielle dont celle de « 2ème capitaine ».
© Lucie Delarosbil, 2014
Modifications : 12 juin 2015