15 février 1886

Publié le par Lucie Delarosbil

L’année 1886 nous ramène le souvenir d’un drame social qui toucha de proche nos grandes familles : quatre milles pertes d’emplois dans la pêcherie pour quarante milles personnes. À l’époque, les membres d’une même famille étaient nombreux. Pour donner l’exemple au peuple, six de nos ancêtres de Paspébiac furent inculpés, jugés et condamnés à des peines très sévères en octobre : emprisonnement pendant deux ans pour quatre d’entre eux; et travaux forcés manuels pendant deux et six mois pour les deux autres.

Qu’ont-ils donc fait de si répréhensible ? Justement, ils avaient organisé une émeute*. Ils s’étaient révoltés contre les entreprises jersiaises qui les faisaient vivre depuis cent vingt ans. À crédit, à part de ça ! Ces entreprises avaient été forcées de faire faillite à cause d’un certain Philip Gosset qui se serait rempli les poches avec leurs placements dans une banque à l’Île Jersey. Gros bonnet*, ce Gosset : gérant de la banque, ministre des finances, actionnaire et propriétaire de compagnies de pêche, de la famille dans le gouvernement, parait-il, et j’en passe. Mais, mais, mais... Joueur invétéré !*

En janvier, tous les magasins fermèrent en même temps. Sous peu les gens n’allaient plus rien avoir à se mettre sous la dent. La famine, quoi ! Et comme il paraît qu’on dit si bien : « un Paspéya, ç’a pas l’habitude de laisser ses enfants crever de faim »*, le 15 février, nos ancêtres s’étaient mis à piller les magasins et à se procurer de force la farine dont ils avaient besoin pour nourrir leurs familles. Un véritable saccage !

Malheureusement, les six meneurs, choisis pour la cause, nos héros donc, de deux mois à deux ans plus tard, lorsqu’ils ont accompli leurs lourdes sentences, ont sûrement vécu d’affreuses conséquences, qu’on ne peut imaginer aujourd’hui. Peut-être des séquelles qui ont influencé leur avenir et celui de leurs descendants. Comment savoir ?

Malgré tout, nous essaierons de faire leur connaissance et de trouver ce qu’ils sont devenus par la suite. Commençons par les nommer sans tarder : Narcisse Albert, Abel Chapados, Elisée Delarosbil, Edouard Delarosbil, James Blais et Salomon Delarosbil.

© Lucie Delarosbil, 2018

Sources :

Publié dans Darosbil, Chapado

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Aĥ! Les Basques!<br /> De vrais frères d'Astérix!<br /> Bravô! Pour ce glorieux rappel!<br /> Et, ils sont toujours braves, ces Basques!
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