Calculer ses origines
Les sosa sont sensés former un ensemble infini, par la numérotation de chaque membre de notre arbre généalogique, commençant par nous au numéro 1, notre père au numéro 2, notre mère au numéro 3, et ainsi de suite. Les hommes font toujours partie des nombres pairs et les femmes des nombres impairs. Nous sommes la première génération, nos parents, la deuxième, nos grands-parents, la troisième, nos arrière-grands-parents, la quatrième, etc. Ce qui fait que d'une génération à l'autre, le nombre d'ancêtres se multiplie par deux : 1-2-4-8-16-32-128-256-512, jusqu'à l'infini.
Par curiosité, et surtout par plaisir, j'ai calculé mes origines en pourcentage. Comme je suis native de Paspébiac, un lieu officiellement beaucoup plus jeune que Québec et l'Acadie, mes ancêtres pionniers se situent dans mon arbre à partir de la septième génération. Pour plus de facilité et de rapidité, je suis donc partie de la sixième génération, mes sosa numérotés de 32 à 63. Puis, à partir d'eux, je suis montée jusqu'à la dixième génération de mon arbre, celle qui correspond à leur cinquième génération. Chacun d'eux avaient seize ancêtres, ce qui totalise pour moi 512 ancêtres (16x32). C'était le chiffre qui allait guider mes calculs en pourcentage.
Au départ, j'ai fabriqué un tableau de trente-deux lignes indiquant les noms de mes sosa de 32 à 63, et sept colonnes indiquant des origines, telles que Pays basque, Gascogne, France (Bretagne, Normandie, etc), Première Nation, Québec, Acadie et Autres (lieux en Europe : Allemagne, Irlande, Écosse, Hollande, Angleterre, etc). Il y a certes des approximations basées sur des suppositions, au sujet d'ancêtres dont l'origine n'a pas encore été confirmée. Mais l'exercice dans son ensemble apporte un aperçu pas mal plus près du réel que du fictif. Comme on dit, ça donne une idée.
Finalement, les résultats ont donné à mes origines européennes 91.4 %, six colonnes incluant Québec et Acadie, et à mes origines autochtones, 8.6 %, une seule colonne. Dans l'ensemble, mes origines du Pays basque sont de 21 %. Dans l'Europe seulement, mes origines basques atteignent 23 %, un peu plus du quart de 91.4 %. Bien sûr, il y avait peut-être des ancêtres d'origines plus anciennes que ma dixième génération, des ancêtres qui étaient autochtones, comptés dans les sections Québec et Acadie, ce qui n'affecterait pas tellement les résultats, sauf d'augmenter le pourcentage des origines autochtones.
Parmi mes ancêtres participants, Isaac Aspirots, qui figure deux fois dans mon arbre, avait douze ancêtres basques sur ses seize ancêtres. Marthe Deraiche, petite-fille du pionnier, avait la moitié de ses ancêtres qui étaient basques, et elle figure aussi deux fois dans mon arbre. Adrien Darosbile avait aussi la moitié de ses ancêtres basques. Isaac et Adrien étaient les fils de pionniers basques. Sur les trente-deux ancêtres de ma sixième génération, huit seulement ne semblaient pas avoir d'origine basque. Et tous les autres, en majorité deux, trois et quatre ancêtres basques, jusqu'à six pour l'un d'eux.
Pour conclure, j'espère juste faire admettre et accepter aux descendants des ancêtres de Paspébiac que la majorité de nos origines se situent en France, ce qu'on savait, mais plus particulièrement au Pays basque nord.
© Lucie Delarosbil, 2019