Feu ou défunt omis ?
Voici ma transcription d'une transcription d'un acte de mariage du 29 mars 1780 signé par le prêtre acadien Joseph-Mathurin Bourg. Dans la marge, on avait écrit : M. 31 mariage de Jean Castilio avec Marie Chapado.
Lan mil sept cent quatre vingt le vingt neuf mars je sousigné ay marié en face de notre mere la Ste eglise selon les ceremonies ordinaires après la publication de deux bancs et dispense du troisième du consentement des parent de part et d'autre sans qu'il ce soit trouvé aucun autre empaichement en présence de tout le peuple et des quatres témoins sousigné Jean Castilloy fils de Jean Castilloy et de marie cheverie avec mari chapadeau fille de Joannis Chapadeau et de Catherine la Roc
Jean Castilloy contractant + marie Chapadeau contactante + témoins Jacque Dugai + pierre Joannis + Jean Chapadeau + Joseph arseneau + Joseph Mth Bourg Prêtre miss.
Dans ce document, le patronyme du marié porte des graphies différentes : Castilio dans la marge et Castilloy dans le texte. Il est dommage de ne pas avoir le document original à notre disposition. Pour ce qui est de Marie, la mariée, elle était plutôt connue sous le prénom de Marie-Jeanne.
Dans cet acte, il est spécifié que les parents avaient consenti de part et d'autre. Par contre, parmi les témoins, les noms des pères ne figurent pas. On peut supposer que Joannis Chapadeau (Chapado) et Jean Castilloy (Castillon) étaient encore vivants puisqu'on ne mentionnait pas leur décès par les vocables feu ou défunt. C'était le même cas pour les mères, Marie Cheverie (d'Etcheberry) et Catherine la Roc (Larocque). Pour ces dernières, il a déjà été prouvé qu'elles étaients encore vivantes.
L'omission de l'information d'une personne décédée ne prouve certes pas qu'elle ne l'était pas. Cette situation a souvent été constatée. D'ailleurs, on ne retrouve pas les actes de décès des deux pères des mariés à Paspébiac et il manque les registres disparus dans l'incendie d'une église en 1791. La question demeure. Pourquoi les deux pères n'étaient-ils pas témoins au mariage de leurs enfants ? Étaient-ils partis ? Décédés ? Malades ? Ou bien, avaient-ils refusé de se présenter pour toute autre raison ?
Trois des témoins étaient directement liés à la famille Chapado. Jacque Dugai était le beau-frère de la mariée, époux de sa soeur Véronique; Pierre Joannis et Jean Chapadeau, ses deux frères, connus aussi sous les prénoms de Pierre-André et de Jean-Nicolas. Pour ce qui est de Pierre Joannis, je suppose que le prêtre voulait l'identifier comme étant Pierre à Joannis, Pierre le fils à Joannis. Sinon pourquoi n'avait-il pas écrit le nom du père en entier comme pour les autres témoins ?
Pour ce qui est du témoin Joseph Arseneau, il résidait à Bonaventure. Il était présent dans les recensement de 1774 et de 1777 de ce village. Avec son épouse Marguerite Bujold, ils avaient au moins six enfants. En 1774, ils hébergeaient un étranger. Qui sait peut-être était-ce Jean Castillou. Pourquoi Joseph Arseneau aurait-il été témoin à ce mariage, alors que tous les autres étaient des résidents de Paspébiac ?
Finalement, on remarque que nulle part dans cet acte ne figure une référence à un lieu au Pays basque, comme le lieu d'origine de Jean Castillou. Bien que notre mère la Sainte-Église et la présence de tout le peuple furent mentionnés, le prêtre n'indiquait même pas le lieu du mariage. Quelle église ? Quel peuple ?
© Lucie Delarosbil, 2019