Curés de Ristigouche après la Conquête

Publié le par Lucie Delarosbil

Le 13 septembre 1758, Wolfe fit détruire tous les établissements de la Baie des Chaleurs, en excluant Ristigouche. Il y avait vingt-sept maisons à Pabos et soixante à Grande-Rivière. Dans son étude du registre de Pabos, Michel Emard pose une question et y répond : 

Qu'arriva-t-il aux familles de Pabos après la destruction par Wolfe ? Certaines gagnèrent Québec avec la famille Lefebvre de Bellefeuille, d'autres gagnèrent Ristigouche qui était encore libre, mais la majorité restera dans la région immédiate de Pabos : l'Anse-aux-Canards, l'Anse-à-Carnaval, Port-Daniel et Paspébiac à l'ouest et Grande-Rivière à l'est, comme en font foi les registres dans lesquels on retrouve les descendants des premières familles de Pabos. Sur une soixantaine de noms de famille cités dans le registre de Pabos, il en est resté une vingtaine en Gaspésie, soit le tiers. La preuve se trouve dans les registres qui ont continué en quelque sorte celui de Pabos, par exemple celui de Ristigouche commencé en 1758 et celui de Paspébiac commencé en 1796. (p. 11-12)

Etienne Cotton

Joseph-François Cotton, né à Montréal le 16 novembre 1731, entra chez les Récollets en 1750 et fut ordonné le 19 septembre 1755. Il reçut le nom de ''frère Etienne''. Il aurait été aumônier des troupes au moment de la conquête de Québec par les Anglais. Après la capitulation de Québec, le 18 septembre 1759, alors que le gouverneur Vaudreuil et le reste de l'armée française quittèrent la capitale pour Montréal, le père Etienne Cotton se dirigea vers la baie des Chaleurs.

Dès son arrivée, en tant que pretre recolest curé de la paroisse Sainte Anne de Ristigouche, il inhuma trois personnes, le 17 octobre, les 11 et 19 novembre; et il procéda aux cérémonies de plusieurs mariages dès le 5 octobre. Il signait f. étienne PR. Le 15 juillet 1760, il avait marié les enfants de nos pionniers François Laroque et Mathieu Brasseur. Puis le 12 août 1760, il célébra les deux mariages du frère et de la soeur, Thomas et Geneviève Delepeau. Ce fut le dernier acte qu'il rédigea. Etienne Cotton serait mort en 1760, à 29 ans. Etait-ce à Ristigouche ? Ou à Québec ? Nul ne le sait.

Ce qu'on sait, cependant, c'est que la petite garnison française de Ristigouche n'avait plus vraiment le choix que de se rendre aux Anglais, six jours après avoir appris la triste nouvelle de la capitulation de Montréal du 8 septembre 1760; c'est ainsi que, le 29 octobre 1760, la dernière bataille navale scella le sort de la Nouvelle-France. Peut-être était-ce à cause de ce jour qu'Etienne Cotton perdit la vie.

Ambroise Rouillard

Né à Québec le 28 mars 1693, de son vrai nom Louis-Joseph Rouillard, le père Ambroise entra chez les récollets en 1718 et fut ordonné prêtre dans la chapelle de l'Hôpital Général de Québec le 18 décembre 1723. De 1724 à 1736, il desservit les missions de Rimouski et de Trois-Pistoles, ainsi que de 1745 à 1769. En 1735, il avait été nommé missionnaire à Ristigouche, sur la baie des Chaleurs. Il y revint en 1759 dans le rôle d'aumônier militaire.

Le 6 juin 1760, le père Ambroise inhuma un marchand prénommé François, en présence d'une troupe ''dans la rivière Ristigouche'' et signa F Ambroise. Dans un acte du 17 juin 1760, il spécifiait son titre de prestre Recolest aumonier du Machaud. Le 4 mai 1761, il célébra le mariage des enfants de nos pionniers René Duguai et Joannis Chapadau. Louis-Joseph Rouillard serait demeuré à Ristigouche jusqu'en mai 1761. Plus connu sous le nom de ''père Ambroise'', il signait parfois ''Ambroise Rouillard''. Il ajoutait à son nom les titres de ''récollet prêtre'' ou ''prêtre missionnaire''.

Enfin, il serait mort en juillet 1769, noyé près du cap à l'Orignal, en chemin vers Rimouski, après avoir passé la nuit à Trois-Pistoles. Il semble que son corps repose à Rimouski, mais il reste impossible de constater le jour précis de sa sépulture. Sa mort tragique se rattache à une légende reliée à un gobelet d'argent.

© Lucie Delarosbil, 2020

SOURCES & RÉFÉRENCES : Joseph-François ''Etienne'' Cotton : Cyprien Tanguay (p. 118), Odoric Jouve (p. 138 et 139); Louis-Joseph ''Ambroise'' Rouillard : DBC par Michel Paquin, Cyprien Tanguay (p. 90), Odoric Jouve (p. 836), WikipédiaWikisourceLe Machault : Bataille-de-la-Ristigouche, Wikipédia, Patrimoine culturel du Québec, Gilles Proulx (Erudit).

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