Bertrand DAROSPIDE de Bidart à Paspébiac
Dans le livre de Jean-Claude Paronnaud, Basques et Gascons en Amérique septentrionale aux XVIIe et XVIIIe siècles, deux dénommés de Bidart vinrent pêcher en Gaspésie et à Terre-Neuve, en quinze ans d'intervalle : 1750 et 1765. Une intuition s'impose, nous suggérant que c'était le même homme. Ainsi, en 1750, il aurait été mousse dès l’âge de 16 ans sur la flûte l'Adour pour la pêche en Gaspésie.
Le 6 juin 1765, il fut considéré déserteur du navire Bonnaventure à Terre-Neuve car il aurait volé la chaloupe qu'il commandait. Il avait alors 31 ans. Dix ans plus tard, en 1775, il fut déclaré « sans nouvelles » dans sa paroisse. Il était reconnu pêcheur de morue. Ce fut à 25 ans, en 1758, qu’il était parti « au service du Roy » et revenu en 1764 après la guerre de la Conquête.
Après ce premier sept ans de vide, entre 1758 et 1765, un autre vide d'une douzaine d'années s'installe dans les recherches, car la présence de Bertrand apparaît à Paspébiac pour la première fois sur le recensement de 1777. Il a 43 ans. À ce moment-là, il est marié à Marie Dunis, laquelle pouvait très bien avoir environ 22 ans. En ce jour, le couple a une fille de 5 mois, non baptisée, mais prénommée Marie.
Son beau-père, le capitaine Louis Dunis, ondoie les nouveaux-nés. Il est le second époux de Madelaine Laroc, l'une des filles de François Laroc et de Marguerite Caplan. Marie Dunis avait trois soeurs, un frère et un demi-frère utérin : Geneviève, Catherine, Madeleine, Léon Dunis et Jean Mallet, ce dernier étant l’enfant du premier mariage de sa mère avec François Mallet vers 1741, lequel s'était noyé à Port-Daniel en 1752.
En 1787, Bertrand possède le lot 14 sur le plan du banc de Paspébiac. Il a 54 ans. À cette époque, le couple compte six enfants : Marie née le 10 mars 1777, Pierre né le 28 mars 1779, Jeuneviève née le 5 décembre 1781, Léon né le 13 décembre 1783, Marguerite née en 1785 et Catherine née vers 1785 ou 1786.
Au cours des dix années suivantes, trois ou quatre autres enfants viennent compléter la famille : Hélaine née le 14 août 1790, Adrien né le 3 mars 1792, et Isabelle née le 25 juillet 1797.
Les actes de baptême de Marguerite et de Catherine restent introuvables, tout comme plusieurs autres à Paspébiac entre 1784 et 1786. Il est aussi fort possible qu’elles aient été jumelles. Mis à part Léon Bertran, duquel aucune autre trace que celle de son acte de baptême n'ait été trouvée, tous les enfants de Bertrand et de Marie ont été mariés et ont eu des enfants qu'on peut compter jusqu'à près de soixante, le tiers venant de Pierre et d'Adrien. Par ailleurs, il s’avère plausible que le fils prénommé Léon soit décédé en bas âge et qu'un autre fils prénommé Jean serait né entre 1792 et 1797, entre Adrien et Isabelle.
Le 5 mai 1802, Bertrand décéda à Paspébiac sous le patronyme DAROSBILLE. Sur son acte de sépulture, son métier est inscrit « pêcheur » et son âge « environ 60 ans ». En vérité, il avait 68 ans. Son épouse Marie Dunis le suivit dans la mort neuf ans plus tard, le 24 novembre 1811.
De son vivant, Bertrand fut le grand-père de sept petits-enfants. Sa fille Marie, mariée à Pierre Aoutséna, avait 3 enfants : Pierre, Claire et Monique. Son fils Pierre, marié à Marie Rose Duguet, avait 2 fils : Pierre et Frédéric. Et Geneviève, mariée à Louis Huart, avait 2 enfants : Claire et Germain. Ses deux gendres, Pierre Aoutséna et Louis Huart, aussi pêcheurs de métier, étaient présents à sa sépulture.
De plus, Bertrand fut deux fois parrain : l’une, d’un fils de Jean Marie Duguai, en 1782; et l’autre, d’une fille de Joseph Brasseur, en 1792. Aussi, il fut témoin à cinq mariages, ceux de François Laroc avec Marie Morai, en 1791; de Louis Roussi avec Angélique Parisé, en 1792; de Roch Daraiche avec Elisabeth Huart en 1793; d’Eustache Vicaire avec Théotiste Grenier, en 1798; et de son fils Pierre avec Marie-Rose Duguet, en 1800. Il savait écrire son nom, car quelquefois il signait « Bertran DARROSBILE », en omettant le « d » de son prénom et en le changeant par un « l » dans son nom de famille.
Basque de Bidart, Bertrand Darospide vécut le reste de sa vie à Paspébiac, pendant plus de 25 ans.
© Lucie Delarosbil, 2010
Modifications: 16 mars 2021